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Image d’illustration générée par Perplexity

Pour Mark Humphries, sur Generative History et professeur d’Histoire à l’Université Wilfrid Laurier (Canada), nous devons enseigner à nos élèves quand utiliser l'IA, quand l'éviter et comment en tirer le meilleur parti, sans prétendre qu'elle n'existe pas.

Il nous interpelle notamment de la manière suivante :

So how can we simultaneously reject AI while also claiming to prepare students to live, work, and think critically in such a world? If we want our students to take us seriously and learn some of the things we are trying to teach them about critical thinking, they need to be able to trust that we are honest brokers who offer knowledge and ideas that are grounded in reality. I don’t think I would want to argue that while doctors can use AI to help improve diagnostics and admissions decisions, a history student can’t use it to strengthen the wording of their thesis statement or help understand obscure terminology in a primary source.

Traduction :

Alors, comment pouvons-nous à la fois rejeter l'IA et prétendre préparer les étudiants à vivre, travailler et penser de manière critique dans un tel monde ? Si nous voulons que nos étudiants nous prennent au sérieux et apprennent certaines des choses que nous essayons de leur enseigner sur la pensée critique, ils doivent pouvoir nous faire confiance et croire que nous sommes des intermédiaires honnêtes qui leur offrons des connaissances et des idées fondées sur la réalité. Je ne pense pas vouloir affirmer que si les médecins peuvent utiliser l'IA pour améliorer leurs diagnostics et leurs décisions d'admission, un étudiant en histoire ne peut pas l'utiliser pour renforcer la formulation de sa thèse ou pour aider à comprendre la terminologie obscure d'une source primaire.

En conséquence, Mark Humphries propose d’utiliser l’IA peut faire des choses utiles pour les historiens (transcription, traduction, synthèse, édition et indexation, entre autres). Cela nous libère ainsi du temps pour développer la capacité de penser de manière critique aux sources, de construire des arguments fondés sur des preuves et de naviguer dans des informations complexes. Ces compétences sont plus précieuses que jamais pour nos étudiant·es et nous-mêmes.

Cet article a suscité une réponse de Mack Penner, chercheur postdoctoral au département d'histoire de l'Université de Calgar, et Edward Dunsworth, professeur agrégé au Département d’histoire et d’études classiques de l’Université McGill et membre du collectif éditorial d’Active History sur Active History.

Ils s’opposent à l’inéluctabilité de l’hégémonie de l’IA générative. Pour eux, à l’échelle des sociétés humaines, presque rien n’est inévitable.

Les ordres sociaux et politiques, les environnements, la technologie, la culture, et bien d’autres choses sont le résultat d’actions et d’accidents passés, conditionnés par les circonstances de la journée. Les choses n’ont pas toujours été comme elles sont maintenant, et nos attentes pour l’avenir, aussi bien informés soient-elles, ne correspondront pas nécessairement à la réalité future. (traduction)

Dès lors, ils insistent sur la possibilité d'un avenir centré sur l'humain et veulent modéliser pour les élèves le refus du battage médiatique autour de l’IA et leur montrer tout ce qu’ils ont à gagner en se penchant sur un travail intellectuel difficile, car lorsqu'ils utilisent l'IA, les étudiants l'utilisent comme un raccourci, un gain de temps, un réducteur de travail. Ils n’utilisent pas, dans l’ensemble, l’IA de manière réfléchie ou minimale pour augmenter leur pensée et leur écriture.

L’article de Mark Humphries : Steering a Middle Course on AI in the History Classroom, publié également sur Active History.

L’article de Mack Penner et Edward Dunsworth:, Relevance and Resistance: Steering a Critical Course on AI

Tags : #AuCafé #Histoire #IAgénérative #humanitésnumériques

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Stratégie, tir, histoires bouleversantes ou horreur pure… La Grande Guerre continue d’alimenter la créativité des concepteurs de jeux vidéo. « Le Monde » en a sélectionné six.

« Soldats inconnus. Frères d’armes » est sorti en 2024. UBISOFT

Plus rares que ceux consacrés à la seconde guerre mondiale, les jeux vidéo inspirés de la Grande Guerre sont aussi souvent plus graves. Ici, nul héros flamboyant, nulle mission glorieuse : le conflit se vit à hauteur de tranchée. Tout ce qui compte, c’est la survie. Les armes, lourdes, s’enrayent presque autant que le corps et l’esprit. La boue s’accroche aux bottes comme la nuit aux âmes – poisseuse et difficile à laver.

Les six jeux : – « Last Train Home » : dans le chaos de l’après-guerre – « Soldats inconnus. Frères d’armes » : des destins fracassés – « Isonzo » : batailles alpines en ligne sur le front italien. – « Conscript » : les pieds dans une boue de pixels – « Forgive Me Father 2 » : monstres post-traumatiques – « Amnesia. The Bunker » : huis clos monstrueux

Dans cette production, il faut noter le studio néerlandais BlackMill Games, spécialiste des batailles de la Première Guerre mondiale, qui propose déjà trois jeux vidéos sur cette période avec « Isonzo », « Verdun » et « Tannenberg » et qui prévoit de sortir « Gallipoli » (prévu pour 2026).

Pour prolonger, en 2018, Pixels proposait déjà dans un article 8 jeux vidéo inspirés de la première guerre mondiale, parmi ceux-ci « 11-11 : Memories Retold » avait fait l'objet d'un article spécifique : « 11-11 : Memories Retold » : un jeu vidéo peut-il montrer l’horreur de la Grande Guerre ? :

« 11-11 Memories Retold » raconte la Grande Guerre, de deux points de vue : celui d’un photographe canadien, Harry, et celui d’un ingénieur allemand, Kurt. Pour restituer leurs deux histoires, les créateurs du jeu ont donc consulté deux historiens, un Anglais et un Allemand.

L'article de Pixels (Le Monde) : https://www.lemonde.fr/pixels/article/2025/11/09/six-jeux-video-inspires-par-la-premiere-guerre-mondiale_6652763_4408996.html

Tags : #AuCafé #histoire

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Jeudi 5 février 2025. Je visite la vieille ville d'Olten et je prends en photo une façade que je trouve particulièrement intéressante.

Olten (06.02.2025)

En m'approchant ensuite, je lis l'inscription suivante sur la façace “Aussug der Oltener in den Bauernkrieg 1653” (“Exode ou sortie des habitants d'Olten lors de la guerre des paysans en 1653”).

De retour à la maison, je fais quelques recherches sur la situation d'Olten durant cette guerre. Je trouve de l'information sur le site de la commune d'Olten (https://www.olten.ch/geschichte/349). En voici la traduction :

Le fait qu'Urs von Arx, originaire d'Olten, ait apposé le sceau officiel de la ville d'Olten sur la “lettre d'Huttwil” des paysans révoltés lors de la grande Landsgemeinde de Huttwil du 14 mai 1653, a coûté cher à Olten, qui avait ouvertement sympathisé avec les paysans révoltés. En effet, après l'écrasement de la révolte, le gouvernement profita de cette mesure pour punir la ville de son pacte avec les paysans révoltés en la privant de tous les privilèges politiques qui lui restaient jusqu'alors et en la transformant en une vulgaire petite ville soumise. Le sceau fut confisqué et la charte de la ville, que le gouvernement avait encore confirmée en 1592, fut rendue caduque en coupant le sceau des autorités. Il fut ensuite exposé à l'hôtel de ville de Soleure avec la pétoire du sceau d'Olten, en souvenir du sort réservé à l'avenir aux rebelles. Ce n'est que lorsque l'ancien régime s'effondra que la Cour suprême de la République helvétique une et indivisible, lors de sa séance du 12 novembre 1818, accéda à la demande de la ville d'Olten. Le 12 novembre 1800, la Cour suprême de la ville d'Olten a répondu à la demande du citoyen d'Olten, le médecin Joseph Cartier (1763-1839), et a restitué à la ville son ancien droit de cité et son sceau, qui avait été conservé à Soleure depuis 1653.

Dans l'article consacré à la Guerre des paysans de 1653, le DHS ne parle pas de la situation d'Olten (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/008909/2010-05-07/). Par contre, il est fait mention de la perte de ses franchises en 1653 en raison de Guerre des paysans dans l'article consacré à la commune (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/001168/2010-09-16/). L'article précise :

Ces amputations dans les anciens droits fondèrent une tradition de résistance contre le chef-lieu. En 1798, O. accueillit les Français en libérateurs.

L'article laisse à penser que l'attitude à l'égard des Français et de la Révolution française est directement en lien avec cette tradition de résistance.

Tags : #AuCafé #Histoire #Roadbook #photographie

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Hier j’ai été à Zurich pour un vernissage d’une plate-forme pédagogique en ligne, déclinée dans trois langues nationales (allemand, français et italien), destinée aux élèves du secondaire I suisse (collège en France) et dédiée à l’épineuse question des mesures de coercition exercée sur des personnes à des fins d’assistance et les placements

Ceci sous différentes formes : internement dans des institutions, dissolution des familles, placement d’enfants (dans des foyers, dans des familles d’accueil), adoption forcée et même stérilisation, castration et essais médicamenteux.

Comme dans beaucoup de pays occidentaux, de nombreuses personnes ont notamment subi des abus, ont souffert de la faim et ont été victimes de travail forcé.

« On était juste des esclaves. On a travaillé pour lui, pour le domaine. C’est pas normal. » Christian Amster

Depuis quelques années, les autorités suisses et cantonales ont entrepris des démarches à la fois en reconnaissant leurs torts et, comme ici, en faisant un travail de mémoire contre l’oubli. Ceci offre aussi une place à la parole aux enfants d’aujourd’hui encore victimes d’abus et aux autres l’opportunité d’agir.

Lors de ce vernissage, en plus de de présenter ce média éducatif, une table-ronde a été organisée qui a notamment permis de donner la parole à une de ces personnes qui a osé parler. Ce témoignage – ainsi que des extraits des témoignages disponibles sur la plate-forme – a été poignant et exemplaire.

Le média éducatif a été élaboré dans le cadre du programme de la Confédération suisse « se souvenir pour l’avenir » par un groupe de travail auquel ont également participé des personnes concernées.

La plate-forme en français : Assistance et coercition

Tags : #AuCafé #Histoire #Suisse

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RECTO VERSO est une série de manifestations coordonnées par l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH) et organisées par ses institutions membres. Chaque année, les différents événements mettent en lumière, dans une perspective scientifique, un thème actuel et pertinent pour la société.

Le prochain cycle de manifestations (juillet 2025 – juillet 2026) sera consacré au thème „Futurs“. Le délai pour soumettre vos projets via mySAGW** est fixé au 31 mars 2025.**

Dans le cadre du nouveau cycle de manifestations Recto Verso, nous souhaitons explorer la signification du futur et des promesses d’avenir. Comment les représentations du futur ont-elles évolué au fil de l’histoire ? Comment cela se manifeste-t-il au travers des mouvements sociaux et politiques, ainsi que dans l’art, la littérature ou les religions ? Quel rapport existe-t-il entre futur et utopie ? Quel est l’effet inhibiteur ou dynamisant des promesses d’avenir sur le présent ? Vivons-nous actuellement dans un monde avec un avenir commun ou plutôt dans un monde avec des futurs différents ?

Avec le présent appel à projets, les institutions membres de l’ASSH sont invitées à soumettre une requête pour l’organisation d’une manifestation publique qui s’inscrit dans le cadre thématique. Elles sont libres de choisir l’angle d’approche au sein du thème donné ainsi que le format de la manifestation. Une diversité de perspectives et de formats est la bienvenue.

Organisé par l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH)

Source de l’information : infoclio.ch

Tags : #histoire #suisse #manifestation #futurs

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En ce vendredi 16 août 2024, j’opte pour un roadtrip à moto m’emmenant sur des lieux évoqués lorsqu’on parle en Suisse de la Guerre des paysans de 1653.

Initialement, j’avais préparé un parcours sur 2-3 jours et comprenant des lieux des deux Guerres de paysans ayant marqué l’histoire suisse, celle de 1524-1525 et celle donc de 1653. Cependant, je ne dispose ce 16 août que d’un jour. Depuis chez moi, les lieux de la Guerre des paysans de 1653 sont plus proches et le parcours peut être réalisé en une journée.

Orientation générale concernant la Guerre des paysans de 1653

Carte de la Guerre des paysans de 1653 Carte de la Guerre des paysans (1653). Source : Blog du Musée national suisse.

Pendant la guerre de Trente Ans, qui a largement épargné la Suisse, les paysans ont pu supporter les intérêts élevés qu'ils devaient payer à la noblesse, car ils pouvaient exporter. Après la paix de Westphalie en 1648, les prix des denrées alimentaires se sont effondrés, tandis que les intérêts fonciers exorbitants ont subsisté.

Le début du mouvement débute le 10 février 1653 lors d’un pélerignage et de la prédication une landsgemeinde illégale à Heiligkreuz depuis la région de l'Entlebuch et de l'Emmental, Deux autres ligues suivent, la première le 26 février à Wolhusen réunit tous les sujets du canton de Lucerne et la troisième le 14 mai 1653 à Huttwil.

Dans la première semaine de mars, la rébellion gagna le territoire bernois; un peu plus tard elle s'étendit aux campagnes soleuroises et bâloises.

Après les sièges sur les villes de Berne et Lucerne, les insurgés apprirent que la Diète rassemblait une armée à Zurich et qu'une seconde armée se mettait en marche dans le Pays de Vaud, resté fidèle à Berne. Ils décidèrent alors de négocier. Deux paix furent signées, le 29 mais à Murifeld (Berne), la deuxième, le 4 juin à Mellingen (Argovie), analogue au traité de Murifeld.

Mais, une fois les troupes rebelles dispersées, les autorités ne respectèrent pas leurs engagements. Deux batailles importantes furent perdues par les troupes paysannes. La première à Wohlenschwil, en Argovie. Les paysans concluent une paix négociée, mais les élites urbaines la rompent rapidement et traquent impitoyablement les leaders paysans. Le 7 juin 1653, la dernière bataille de la guerre des paysans a lieu à Herzogenbuchsee avec d’un côté, Sigmund von Erlach, accompagné de 6000 hommes provenant principalement de la région de Neuchâtel, défait, de l’autre, les quelque 2000 soldats paysans restants, sur les 20’000 autrefois retranchés dans le centre du village de Buchs.

Par la suite, les chefs paysans sont exécutés à Bâle, Sursee et Berne.

Le roadtrip du vendredi 16 août 2024

Le parcours n’a pas été réalisé dans un ordre chronologique aux événements, mais de telles sorte à réaliser une boucle en partant de la maison. En fait grandement, il a été réalisé à l’envers.

Les différentes étapes ont été les suivantes : Herzogenbuchsee (lieu de la dernière bataille) – Huttwil (troisième ligue des paysans) – Wolhusen (deuxième ligue des paysans) – Heiligkreuz (début du mouvement) – Rüderswil (lieu d’habitation de Niklaus Leuenberger, principal dirigeant de l’insurrection paysanne)

A partir de Herzogenbuchsee, la partie roadtrip est réellement enchanteresse en parcourant les campagnes bernoise et lucernoise. Le décor est splendide et les virages nombreux. C’est plus particulièrement le cas entre Herzogenbuchsee et Huttwil, la montée depuis Hasle sur le Heiligkreuz et la descente sur Schupfheim, le parcours après Langnau pour se rendre à Rüderswil et enfin après Rüderswil direction Worb.

Vous trouverez le roadbook ici : Roadbook : https://plan.tomtom.com/route/view/098f8434-b267-466d-b33a-295e4196c891

De prochains billets seront consacrés à chacune des étapes:

  1. Guerre des paysans (1653) – Bataille à Herzogenbuchsee
  2. Guerre des paysans (1653) – Huttwil (ligue de)
  3. Guerre des paysans (1653) – Wolhusen (ligue de)
  4. Guerre des paysans (1653) – Heiligkreuz (ligue de)
  5. Guerre des paysans (1653) – Niklaus Leuenberger (Rüderswil)

Tags : #Histoire #Roadbook #Suisse #Berne #Lucerne #Emmenthal #Entlebuch

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La fin de la Seconde Guerre mondiale vit paraître en Suisse un journal qui, bien qu’interdit de diffusion publique, circula dans tout le pays. Il était rédigé dans les camps d’internement des réfugiés.

Über die Grenzen était un journal par des réfugiés, pour des réfugiés. Nullement placardée, indisponible en kiosque, cette gazette des émigrants était malgré tout diffusée dans tout le pays. «Nous avions jusqu’alors le droit de penser ce que nous voulions écrire; nous voulons désormais écrire ce que nous pensons», affirme un rédacteur en novembre 1944 depuis le camp d’internement de Wallisellen, en guise d’introduction de la première édition. Ses auteures et auteurs étaient dispersés dans toute la Suisse, car le système des camps de travail et d’internement avait réparti les plus de 40 000 réfugiés tolérés par la Confédération, pour la plupart apatrides, dans toutes les régions et vallées du pays.

La suite : Un journal par des réfugiés, pour des réfugiés | Le Blog du Musee national suisse

Catégories : #Histoire

Tags : #HistoireSuisse #39-45

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Divisé en 10 chapitres, ce Rapport de recherche présente chronologiquement tout ce que la science historique suisse a écrit sur l’activité des Suisses et de la Suisse en contexte colonial au cours des dernières décennies, en remontant parfois jusqu’au XIXe siècle.

Georg Kreis.

La présentation de l’éditeur (traduite)

Suivant une tendance transnationale, les activités coloniales et les participations de la Suisse à l'esclavage sont récemment devenues des sujets très médiatisés. Au cours des trois dernières décennies, de nombreuses études spéciales ont été publiées, qui ont reçu beaucoup d'attention par les médias. Il est temps d'avoir une vue d'ensemble de l'état actuel de ce domaine de recherche.

Les travaux montrent dans quelle mesure la Suisse, bien qu'elle ne soit formellement pas une puissance coloniale, a un passé colonial et continue d'agir sur les sites contaminés de cette période. L'auteur s'interroge sur les motivations qui ont déterminé l'étude de la problématique coloniale et donne un aperçu de la littérature publiée au cours des trois dernières décennies.

Lien : Blicke auf die koloniale Schweiz Ein Forschungsbericht

Extrait de compte-rendu réalisé par Filippo Contarini

Certaines voix critiquent l’approche postcoloniale comme étant simpliste (p. 12, 52). D’autres affirment qu’elle a un arrière-plan puritain (p. 55). Je pense plutôt que nous assistons à une certaine « juridicisation » de l’histoire (comme c’est également le cas avec le mouvement #MeToo). Le colonialisme est repensé comme une activité criminelle (p. 54, 184). Cela permet de distinguer clairement les rôles de victime et d’agresseur (p. 28). L’historienne n’agit plus comme un juge (Ginzburg), mais plutôt comme un procureur qui écoute la victime afin de débusquer le coupable. L’historiographie est ainsi légitimée, d’une part, pour enquêter sur les dispositifs mis en place pour oublier les méfaits, qui provoquent l’amnésie des événements coloniaux (p. 108, 113, 172), et d’autre part, pour s’opposer aux structures de pouvoir fondées sur l’héritage économique, en soutenant que l’héritage des crimes suisses désavantage toujours les victimes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe (p. 108). Grâce à cette lecture, Kreis peut expliquer que la Suisse a une responsabilité historique, même si elle n’était pas une puissance coloniale : en tant qu’institutions étatiques, les cantons et puis la Confédération ont omis d’édicter des règles interdisant aux Suisses de perpétrer leurs crimes (p. 173).

Lien : Filippo Contarini, « Georg Kreis, Blicke auf die koloniale Schweiz », Revue de l'IFHA [En ligne], Date de recension, mis en ligne le 23 mai 2024, consulté le 06 juin 2024. URL : http://journals.openedition.org/ifha/13507 ; DOI : https://doi.org/10.4000/11pqs

Catégories : #lecture #Histoire

Tags : #HistoireSuisse #colonialisme #esclavage

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Témoin des tumultes du XXe siècle, Tina Modotti a façonné une vision singulière, engagée et personnelle de la photographie en s’imprégnant des révolutions de son époque. De l’avènement du cinéma muet aux combats des populations indigènes mexicaines, de l’agitation communiste aux bouleversements de la guerre civile espagnole, son objectif a capturé les soubresauts d’une ère en quête d’identité et d’idéaux.

Femme de Tehuantepec portant un jicalpextle, 1929 – © Tina Modotti, courtesy galerie Throckmorton Fine Art, New York

Engagée et esthète, Tina Modotti saisira l’agitation d’un Mexique postrévolutionnaire avec un regard critique et une esthétique unique, capturant les inégalités et les mouvements sociaux. Ses photographies prises sur le vif documentent et façonnent non seulement l’identité mexicaine, mais aussi le rôle de la femme en pleine redéfinition. Elle met en lumière les plus défavorisées.

Mais comment obtenir des images fortes fidèles à ses principes esthétiques sans trahir ses idéaux ? Comment pratiquer une photographie sociale que le peuple puisse comprendre et s’approprier ?

Cartouchière, faucille et guitare, 1927 – © Tina Modotti, Collection et archives de la Fundación Televisa, Mexico

Tina Modotti procède alors par des symboles et des allégories ainsi qu'en témoigne l'image ci-dessus.

À lire et source : Zoom photographe : Tina Modotti, la révolte par l’image

Catégories : #AuCafé #Histoire #photographie

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Au fil de mes recherches du jour, je suis ”retombé” sur un billet de Frédéric Clavert sur Hypotheses, sur son blog désormais archivé. Sur celui-ci, il menait une réflexion sur les évolutions de la pratique de l’histoire contemporaine à l’ère numérique et expliquait et approfondir la notion de mise en données de l’histoire. Interroger le rapport de l’historien.ne à ses sources. J’y trouve un nouvel intérêt en lien avec certaines de mes réflexions actuelles en lien avec des recherches en cours sur l’élaboration/développement d’un environnement virtuel de recherche (EVR) pour un enseignement de l’histoire à l’ère du numérique.

Photo de Museums Victoria sur Unsplash

Dans ce billet, Frédéric Clavert partage ses réflexions sur ce que pourrait être un enseignement des Humanités numériques «au fil du cursus» d’un étudiant à partir de son cours (trois fois deux heures) de méthodologie numérique en master 2 de relations internationales.

Dès le premier cours, il a l’impression que 80% des étudiants ont lâché prise. Finalement, il proposera une troisième séance organisées différemment. Il en retire la nécessité de donner la possibilité aux étudiants d’appréhender concrètement ce à quoi servent les outils et méthodes numériques.

Ses propositions : 1. commencer par un enseignement de culture numérique générale, touchant autant à l’usage des logiciels de base (traitements de texte par exemple) qu’à l’usage des réseaux sociaux et du web en général.

En note, il fait d’ailleurs la remarque suivante relativement au traitement de texte: > Même le traitement de texte doit être soumis à ces réflexions. Il suffit de lire Le Pendule de Foucault d’Umberto Eco dont un passage montre la manière dont l’ordinateur et le traitement de texte ont changé nos façons d’écrire pour s’en rendre compte.

il postule, par exemple, qu’expliquer comment faire une note de bas de page permet de toucher directement à la méthode historienne. Progressivement, en montrant les fonctions d’un traitement de texte, on montre également comment rendre l’ordinateur plus intelligent. Il est ensuite rendu encore plus intelligent en recourant à des techniques d’encodage par la structuration des données.

  1. partir du traitement de texte, pour orienter les étudiants vers le principe des langages par balises (comme le HTML, le XML ou la TEI P5).

  2. créer son corpus de données, l’élaborer, le structurer, l’exploiter, le visualiser à des fins professionnelles dans un sens large (recherche comprise) et introduire les notions de lecture distante / lecture proche.

Pour chaque approche, il s’agit d’allier des progrès pratiques et utiles aux étudiants et des réflexions méthodologiques et épistémologiques nécessaires à la pratique de l’histoire.

« Progressivement, on peut introduire des concepts incontournables – y compris une notion comme celle d’algorithme, que les historiens devraient plus interroger – et réinsérer le couple Histoire/Numérique dans des phénomènes numériques touchant toute la société (la mise en données du monde). »

Commentaire :

Premièrement, cela me donne l’envie de lire Le Pendule de Foucault d’Umberto Eco et d’y retrouver notamment ce passage sur le traitement de texte notamment parce que celui-ci met en évidence que le numérique n'est pas juste un outil, mais qu'il modifie modifie notre manière de produire du savoir.

Ensuite, il oriente à la fois en direction d’une méthodologie et pensée historienne tout en permettant d’aborder des spécificités liées à l’histoire numérique comme la question des langages par balises (encodage), les questions autour des données et de leur visualisation, les aller-retours entre une lecture macro et micro des données.

Portant sur l’examen des phénomènes numériques touchant toute la société avec la mise en données du monde, sa dernière partie permet d’aborder historiquement l’histoire et la place des techniques dans nos sociétés tant actuelle que passées. Pour moi, comme le propose Bernard Lepetit (1995) dans Les formes de l’expérience, il s’agit de dépasser les mythes techniciens (le mythe des révolutions techniques, le mythe de l’inventeur héroïque) et le déterminisme technique pour aller vers une Histoire des acteurs et des pratiques (lire à ce propos : Kaufmann, L. (2022). L’enseignement de l’histoire est-il soluble dans les Humanités numériques ? In LUDOVIA#CH22, Yverdon-les-Bains, 12 avril, diapositives 8 à 13).

Réf. : Frédéric Clavert (2015, 16 février). Enseigner les Humanités numériques (1). L'histoire contemporaine à l'ère numérique. Consulté le 17 avril 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/plvo

#histoire #histodon #HumanitéNumériques #réflexions

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